Méditaiton du Novembre 2020

Qu'est-ce la liberté chrétienne? A l'occasion du traite de Martin Luther, La liberté chrétienne, novembre 1520

« C’est pour la liberté que le Christ nous a libérés. » (Galates 5,1)

« Car, bien que je sois libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous. » (1. Corinthiens 9,19)

Qu’est-ce que la liberté ? C’est une question de grande actualité. Suite au siècle des lumières nous pensons liberté surtout comme une attitude individuelle : liberté de religion (je choisis librement ma religion), liberté de pensée autonome (que personne ne me dise ce que je dois penser ou pas), liberté d’expression ou d’action (je fais ce que je veux).

Luther a écrit un petit traité fondamental dont c’est ce mois-ci le 500ème anniversaire : « De la liberté du chrétien ». 

Au moment de sa rédaction Luther est déjà excommunié par une bulle de Rome, pour une ultime réconciliation le Pape envoie le Nonce apostolique Charles de Miltitz. Sur la proposition de Miltiz, Luther alors par une lettre tente de rassurer Léon X. Il écrit qu’il n’a pas voulu attaquer la personne du Pape mais le défendre contre des hérésies et expose et développe avec ce traité sa pensée sur la liberté du chrétien. Luther le diffuse aussi en allemand autour de lui. Le traité connut dès sa publication un très vif succès. 

Luther énonce au départ les éléments d’un paradoxe qu’il expliquera ensuite :

Un chrétien est un libre seigneur de toutes choses et il n’est soumis à personne. Et : Un Chrétien est un serf corvéable en toutes choses et il est soumis à tout le monde. (Luther reprend ainsi la pensée de l’apôtre Paul qui se trouve dans les deux versets indiqués ci-dessus.) 

En Christ, le chrétien est d’une part libre devant les hommes et les pouvoirs. La liberté est la conséquence d’un don, le fruit de la libération par un autre, en l’occurrence du Christ – la liberté d’être enfant de Dieu.

Les lois et les normes et jugements qui se manifestent par des puissances qui le tiennent en esclavage, n’ont plus de pouvoir sur l’homme intérieur (sa personne ou sa conscience). Dieu en Christ devient par la foi la seule mesure dans la vie. Cela a donné à Luther la liberté de s’affronter aux dérives du Pape et à l’institution de l’église de son époque, notamment la vente des indulgences – par le moyen de la parole.

Le chrétien est libre par rapport aux réalités de la vie et de la mort et à l’image du Christ au service des autres et du monde.

Par cette liberté véritable, le chrétien ne peut d’autre part que servir son prochain puisqu’il n’est plus dépendant de son jugement. En suivant le Christ qui s’est donné pour lui, il se donne par amour, se fait esclave de tous, c’est à dire : il se met au service des autres. Le croyant prolonge le Christ et la liberté en lui par son témoignage et son service d’amour dans le monde. 

« C’est pourquoi tout comme Dieu nous a aidés gratuitement par l’entremise du Christ, de même, par l’entremise de notre corps et de ses œuvres, nous devons tout pareillement aider notre prochain. » (27°article).

La liberté en Christ n’est pas une liberté absolue et autonome / individuelle, mais une liberté qui se met au sein d’une communauté et se définit au service de notre prochain.

« La liberté chrétienne », ainsi ce traité le plus lu, est alors une liberté par la foi et dans l’amour pour son prochain.

Contact